Blog de Isotope

Pourquoi créons-nous Isotope Energy ?

La question du réchauffement climatique est de plus en plus présente dans notre société et en particulier chez les jeunes générations. Elle est identifiée comme le grand défi du XXIe siècle, car nous devrons collectivement trouver un arbitrage entre l'amélioration de nos niveaux de vie et la baisse de nos émissions de CO2. Dans ce contexte, l'électricité sera amenée à représenter une part toujours plus importante de la consommation d'énergie finale des Français, atteignant près de 40% en 20501, date à laquelle le pays devra avoir atteint la neutralité carbone pour limiter le réchauffement climatique à 2ºC par rapport à l'ère pré-industrielle. Décarboner notre production d'électricité est donc un impératif, et deux modèles s’opposent. Le modèle français, dont la production d'électricité repose à 70% sur le nucléaire, et le modèle allemand, qui entame depuis 2011 une sortie progressive du nucléaire tout en investissant massivement dans les énergies renouvelables intermittentes. Les résultats sont sans appel. Entre 1978 et 1999, la France a mis en service 58 réacteurs nucléaires, réduisant à 7% la proportion de fossiles dans son mix électrique, et ce avec une technologie nucléaire connue et maîtrisée depuis les années 1960. La stratégie allemande s'avère nettement moins efficace. Malgré près de 500 Md€ investis dans les énergies renouvelables intermittentes d'ici à 20252, le mix allemand reste aujourd’hui très fortement carboné, et les prévisions pour 2030 estiment l'intensité de celui-ci à 250 gCO2/kWh3, chiffre que la France avait atteint dès 1985.


Fig 1. Évolution de l’intensité carbone des mix électriques européens. (source EEA)

Alors que la transition énergétique s'accélère partout en Europe, une bataille politique a lieu actuellement à Bruxelles autour de la taxonomie verte. Encore une fois, les modèles français et allemands s’opposent pour savoir si le nucléaire ainsi que le gaz fossile (bien que son intensité carbone soit près de cent fois supérieure à celle du nucléaire, mais indispensable aux allemands pour pallier l'intermittence des énergies renouvelables ) pourront bénéficier dans le futur de financements à l'échelle européenne. Sachant qu’une part très significative du coût du nouveau nucléaire provient du coût de l’investissement4, cette décision aura un impact majeur sur la capacité des pays de l’UE à investir dans de nouveaux réacteurs, et donc sur la nature du futur mix continental. Dans ce contexte, la commission européenne a ordonné un rapport scientifique indépendant pour estimer l’impact sur le climat et l'environnement des différents moyens de production d'électricité5. La conclusion de ce rapport est la suivante:

“Il n'existe aucune preuve scientifique que l'énergie nucléaire soit plus nocive pour la santé ou l'environnement que d'autres sources d'énergie déjà incluses dans la taxonomie comme technologies contribuant à la lutte contre le changement climatique.

Malgré la conclusion particulièrement explicite de ce rapport qu’elle a pourtant commandé, la Commission européenne tergiverse sur l'inclusion du nucléaire dans la taxonomie. Contrairement aux barrages hydroélectriques - qui comme le nucléaire sont des sources pilotables6 et bas carbone d'électricité - le déploiement du nucléaire ne souffre d’aucune contrainte géographique, et apparaît donc comme la seule énergie bas carbone pilotable dont le développement à grande échelle et sans contrainte géographique est possible. La capacité du nucléaire à répondre à la demande en électricité d'un pays sans émettre de CO2 en fait un atout incontournable pour décarboner les mix électriques des pays Européens. Alors que la France prouve depuis 40 ans qu’il est possible de décarboner l'électricité d'un pays entier grâce au nucléaire, alors que l’exemple allemand nous montre qu’un système reposant totalement sur les énergies renouvelables intermittentes ne sera toujours pas viable après 2030, nous ne comprenons pas le double discours consistant à afficher une volonté absolue de réduire nos émissions de CO2 tout en voulant se passer de la seule technologie à même de décarboner l'électricité de n’importe quel pays.

Ces informations sont hélas trop lentes à parvenir au grand public tant l'énergie nucléaire est décriée dans les principaux médias et par certains politiques (86% des 18-34 ans pensent que le nucléaire émet directement du CO2)7. Les tendances s’inversent cependant, face à la menace que représente un changement climatique non contrôlé, de plus en plus de citoyens s’informent et adoptent un point de vue rationnel sur la question. Un sondage Odoxa publié en mars 2021 indique une forte progression de l’opinion favorable au nucléaire dans la population, 59% des personnes sondées se prononçant en faveur de cette technologie (contre 47% en septembre 2018)8. Plus le niveau d’information des citoyens grandira sur les questions des enjeux énergétiques, plus l'énergie nucléaire s'imposera comme une évidence aux yeux de tous.

Le projet Isotope est né de ces longues réflexions entre Simon et moi même alors que nous étions camarades de promotion à l'Ecole polytechnique et tous deux inquiets de la direction que prennent les politiques énergétiques des pays occidentaux. De par notre formation scientifique, nous avons pleinement conscience que ces objectifs ne pourront être atteints en faisant abstraction des contraintes physiques. En lançant Isotope Energy, nous avons donc décidé de permettre aux consommateurs français d’exprimer leur soutien à une filière nucléaire trop souvent décriée publiquement et médiatiquement. Les arguments en défaveur du nucléaire n'étant pas scientifiquement fondés, le seul frein à son développement relève actuellement de de l’acceptation populaire de cette technologie, injustement décriée sur des critères idéologique. Si l’opinion publique a évolué en faveur du nucléaire, les acteurs politiques émettent encore des réserves quant à acter cette évolution dans les faits. Pourtant, l'orsqu’elle l’a décidé il y a plus de 40 ans, la France a été en mesure de déployer près de 60 réacteurs en 20 ans, pour devenir le pays le moins émetteur de CO2 des grands pays développés. En créant Isotope Energy, nous voulons permettre à tous les consommateurs de soutenir concrètement et financièrement l'énergie nucléaire et d'envoyer ainsi un message fort pour que nos hommes et femmes politiques fassent à nouveau le bon choix pour l’avenir énergétique de notre pays.

Sources

1. Scénario ADEME
2. How expensive is an energy transition? A lesson from the German Energiewende
3. National Energy & Climate Plans (NECPs), Ember calculations
4. Department for Business, Energy & Industrial Strategy : Hinkley Point C
5. Rapport du JRC datant du 30 mars 2021
6. disponible à la demande et ne dépendant pas des conditions météo
7. Sondage BVA effectué en juin 2019 
8. Sondage Odoxa


Ecrit par Victor Rambaud
Co-fondateur & COO

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